Bijoux Orthodoxes

Origine et différences théologiques entre Chrétiens

Le Christianisme comprend trois grandes religions: les Protestants, les Catholiques et les Orthodoxes. On appelle Orthodoxe les églises issues de la tradition de Byzance. Le terme "orthodoxe" signifie croyance droite, croyance légitime, "ortos" en grec voulant dire "droit, juste". Cette appellation se justifie tout d'abord par la tradition puis par la doctrine.

Au départ, il y a un grand ensemble chrétien autour de deux pôles: Rome et Constantinople (Byzance) mais, les crises s'accumulent rapidement entre Rome et Constantinople. La première crise importante se situe aux alentours de 863. L'empereur Michel 3 déplace le patriarche de Constantinople pour y mettre Photius. Le prélat fait appel au Pape qui à son tour excommunie Photius. Ce dernier, mécontent, publie une encyclique où il énumère les erreurs de doctrine de Rome. Déjà, Rome se distingue par le goût pour le changement. Par exemple, on peut prendre des laitages pendant le Carême, ce que ne permet pas la religion orthodoxe. Rome instaure le célibat sacerdotal et modifie le Credo.

De quoi s'agit-il sur ce dernier point ? La question de la Trinité est très importante à cette époque. Or, le Credo romain fait procéder le Saint-Esprit du Père et du Fils: "Filioque", en latin signifie "fils","Filioque procedit", l'esprit procède du Père et du Fils. Or, pour les Orthodoxes, l'esprit procède directement du Père au même titre que le Fils. Beaucoup plus tard, Saint Thomas d'Aquin reprend la formule dans "La Somme théologique": l'esprit procède du Père et du Fils. La querelle est d'autant plus difficile que le mot "procède" ne veut pas dire: "créer".

L'église orthodoxe se pose en juge impartial qui dit le droit. S'ajoute à cette question le pain azyme qui pour les Orthodoxes n'est pas du vrai pain car il est sans levure donc, l'Eucharistie est selon eux détournée de son origine.

La seconde crise majeure entre l'église catholique et l'église orthodoxe eut lieu en 1054 sous le patriarche Cérulaire. Les querelles reprennent au sujet de l'eucharistie pour des motifs pratiques. Rome a recours au pain sans levain mais pour les Orthodoxes, seul le pain avec levain peut devenir le corps du Christ, ce que les théologiens nomment: " la Translation". Le Pape Léon 9 se lasse de ces discussions et dépose une bulle d'excommunication à Sainte Sophie contre le Patriarche de Constantinople. La rupture est alors consommée.

Difficultés historiques

A ces difficultés d'ordre théologique s'ajoutent les aléas de l'histoire. Des malentendus théologiques mais surtout culturels et historiques apparaissent. En 1204, les Croisés détruisent Constantinople et occupent la basilique Sainte Sophie. C'est une humiliation et un sacrilège. Bien que l'influence syriaque sur les rites orthodoxes soit évidente, les églises se séparent peu à peu les unes des autres: Byzance d'un côté et les églises d'Arménie, d'Egypte, de Syrie de l'autre. Chaque Eglise (du latin Ecclesia: assemblée) nomme un patriarche et se réclame d'un apôtre ou d'un évangéliste. Ainsi au 1er siècle, nous avons l'Eglise orthodoxe de Constantinople fondée par l'apôtre André,l'Eglise d'Alexandrie par Marc, l'Eglise d'Antioche et de tout l'Orient fondée par Pierre et Paul, l'Eglise orthodoxe de Jérusalem par Jacques...

En 1453, la Grèce est envahie par les Ottomans. Byzance tombe sous la main des Musulmans, ce qui engendre une crise morale chez les Orthodoxes, d'autant plus éprouvée qu'elle se croyait protégée par dieu. La religion musulmane nomme alors les Patriarches et "les purs" se réfugient au mont Athos en Grèce pour y perpétuer la Tradition. On comprend bien là toute la différence entre la religion orthdoxe et la religion catholique. L'Eglise orthodoxe est une Eglise éprouvée qui trouve sa substance dans l'origine alors que l'Eglise catholique repose sur une idéologie du progrès, sa légitimité est dans le but, la fin. Aristote, repris par Saint Thomas va dans ce sens. Cette différence fondamentale rend plus difficile la réunification des deux Eglises.

Devant de telles difficultés, les Eglises Orthodoxes deviennent"autocéphales", terme qui a pour origine le mot grec"xépalé" qui signifie "tête". Elles sont gouvernées par un synode qui se choisit un patriarche: c'est le Patriarcat. Ce mode d'organisation favorise l'essor de l'Orthodoxie et permet à une diaspora de se développer jusqu'à aujourd'hui. On distingue l'Orthodoxie orientale qui comprend la Grèce, Chypre, l'Egypte, le Liban, la Russie, la Biélorussie, l'Ukraine, la Roumanie et la Bulgarie. (L'Eglise orthodoxe de Russie et Biélorussie comprend environ 50 millions de fidèles). Toutes ces Eglises sont réparties en trois groupes mais, elles ont tendance à mieux s'accorder avec les états que l'Eglise catholique. L'oecuménisme pour un Orthodoxe n'a pas le même sens que pour un catholique, ce qui n'empêche pas que des rencontres soient aujourd'hui possibles entre l'Eglise grecque etl'Eglise catholique et même des cérémonies communes comme récemment "la vénération de la couronne d'épines du Christ".

La division orient/occident que symbolise l'orthodoxie trouve ses origines dans la séparation de l'empire romain d'Orient et celui de Rome. L'empire d'orient est appelé empire Byzantin et l'empereur Constantin donnera son nom à Constantinople. Le terme de "nouvelle Rome" qu'on lui attribue augure déjà des dissensions à venir. Cependant, cette première Eglise ne se distingue pas encore de Rome, elle revendique son origine des apôtres. Les premières communautés n'étaient ni catholiques, ni orthodoxes, elles étaient chrétiennes. Ce n'est que peu à peu que les divergences apparaissent d'un point de vue théologique mais aussi culturel et politique. L'Empereur Constantin perçoit le danger et convoque Le Concile de Nicée afin d'unifier les croyances mais aussi l'Empire. Dans l'Histoire, ce Concile sera suivi de six autres. Le concile de Nicée (325) a pour sujet la personne du Christ: peut-il être à la fois Dieu et homme? Telle est en substance la question posée. Le concile affirme que le Fils est Dieu comme le Père et de la même substance. Le concile de Constantinople (381) établit que l'Esprit est Dieu comme le Père et Le Fils. Plus tard, Saint Thomas d'Aquin reprendra le dogme de la Sainte Trinité mais, en attribuant un rôle plus important au Père. Là, lors de ces deux conciles, on considère que le Père et le Fils engendrent l'Esprit. D'autre part, la tradition chrétienne s'interroge sur le statut de Marie puisqu'elle est mère de Dieu. Le Concile d'Ephèse conclut que Marie est bien la mère de Dieu: "Theotocos" mais, si le Christ a une mère humaine, il a donc une double nature: il est à la fois dieu et homme. On aboutit aux mêmes difficultés que pour la Trinité, le Christ ne peut être qu'une seule personne, il est à la fois divin et humain. En 451, le Concile de Calcédoine conclut que le Christ est Dieu et homme. La question sera de nouveau posée lors du concile de Constantinople (553) qui affirmera que le Christ est "un" malgré ses deux natures, question réactivée lors du concile de Constantinople (680-681) avec la même réponse. Il y a eu dans l'Eglise orthodoxe sept conciles unitaires, c'est pourquoi on l'appelle également "l'Eglise aux sept conciles".

Le dernier concile de Nicée en 787, tranche la question des icônes. Les icônes sacrées sont autorisées. En effet, l'influence de la religion musulmane engendre un débat: peut-on représenter Dieu et les personnes divines? Pour les Musulmans, on ne doit pas représenter Dieu. L'icône, c'est à dire l'image divine va avoir un statut particulier : elle est l'objet d'une vénération et non d'une adoration mais, suite à une erreur de traduction latine, "vénérer" devient rapidement" adorer". Cette vénération ne s'applique pas à la matière de l'icône (le bois, les couleurs...) mais, à ce qui est représenté. On retrouve peut-être là, un écho lointain du Platonisme: la beauté se reflète dans le sensible. C'est pourquoi, un Père de l'Eglise, Jean Damascène souvent cité chez Saint Thomas d'Aquin fait un parallèle entre l'Incarnation du christ etl'icône "qui donne à voir" dans la matière.